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Les étranges indiscrétions de la Xbox One

auteur de l'article Jerome Saiz , dans la rubrique Produits & Technologies

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Elle n’est pas encore disponible que la nouvelle console de jeux de Microsoft fait déjà beaucoup parler d’elle ! Et pas seulement pour ses performances ou ses graphismes, que Microsoft promet exceptionnels grâce notamment au déport des calculs les plus gourmands dans le Cloud.

Non, ce qui fait vraiment parler de la Xbox One c’est plutôt sa capacité à observer attentivement ce qui se passe chez vous. Des rumeurs qui la présentent, excusez du peu, comme un petit Big Brother en puissance, confortablement installé dans votre salon.

Le site Ecrans.fr résume l’essentiel des points négatifs attribués à la console. Et en effet, l’on comprend vite pourquoi cette console peut mettre mal à l’aise…

Le Kinect, ce dispositif capable de capter les mouvements du joueur devant l’écran afin de contrôler son avatar, est désormais inclus avec la Xbox One. Et son utilisation est obligatoire : la console ne démarrera tout simplement pas s’il est désactivé.

Or, Kinect, c’est avant tout une caméra vidéo braquée sur votre salon et jamais totalement éteinte. La console, en effet, est conçue pour obéir à la voix de son maître. Elle doit notamment pouvoir s’allumer lorsqu’on le lui demande (« Xbox on« ). Cela implique bien entendu que le microphone demeure actif en permanence, captant tout ce qui se dit dans votre salon. Pour en faire quoi ? Et le transmettre à qui ?

Microsoft a dores et déjà confirmé que certaines des informations captées par la Xbox lui seront transmises « afin de comprendre comment les gens utilisent Kinect […] et améliorer les performances« . L’éditeur a d’ailleurs publié une FAQ qui précise la nature des informations collectées et l’usage qui en sera fait. Celles qui ne permettent pas d’identifier personnellement un utilisateur seront toujours transmises à Microsoft sans qu’il soit possible d’empêcher leur collecte. Pour les autres (notamment les discussions dans votre salon à l’écoute d’un mot-clé spécifique, les vidéo et photo des joueurs en action) il sera possible d’en désactiver la collecte et l’utilisation de manière sélective… à condition d’aller explorer les réglages de l’engin ! Il sera d’ailleurs même possible de désactiver complètement le capteur Kinect, mais l’éditeur précise qu’il n’y a pas de bouton d’arrêt physique : il s’agit d’un réglage logiciel uniquement, qui désactivera la captation.

Enfin, selon Microsoft, les données recueillies par Kinect ne seront stockées dans son Cloud que pendant trois mois, après quoi elles seront détruites.

A la lecture de cette FAQ officielle l’approche de Microsoft paraît pragmatique et mesurée : les informations collectées le sont pour améliorer la qualité du service ou rendre de nouvelles prestations innovantes.

Hélas, tout cet édifice vidéoludique est bâti sur la confiance : l’utilisateur n’a finalement que la parole de l’éditeur. La technologie, elle, dépasse largement le cadre des engagements de Microsoft : la Xbox One est bel est bien un microphone et une caméra branchés en permanence dans votre salon et connectés à Internet.

Il ne fait aucun doute que des passionnés mettront un sniffer derrière leur console afin d’étudier de plus près ce qu’elle transmet réellement à Microsoft (et même si le trafic est chiffré, le défi d’interception sera probablement vite relevé par la communauté !). Et il sera bien sûr toujours possible en dernier recours de débrancher la console et ne l’alimenter qu’au moment de jouer, ce qui limitera la fenêtre de captation (au prix d’une expérience utilisateur largement moins fluide !).

Mais l’arrivée de cette console dans les salons marquera quoi qu’il en soit un précédent. Au choix, selon votre orientation, un nouveau « plus bas » dans ce que les utilisateurs sont prêts à accepter, ou un nouveau pas vers des interfaces à la Iron Man.

Car ce n’est évidemment pas tant la technologie qui est dangereuse que son utilisation. Aujourd’hui, les intentions affichées par Microsoft sont honorables et claires, du moins si l’on en croit sa FAQ du jour. Mais une fois les salons équipés, qu’en sera-t-il ? Un brevet déposé par Microsoft prévoit par exemple d’utiliser le capteur Kinect afin de compter le nombre de personnes présentes dans le salon face à la console. Et ainsi permettre aux ayants-droits de contrôler l’utilisation de leur licence (interdiction de regarder tel film en public, ou de jouer à tel jeu à plus de tant de personnes, par exemple…). Certes, il ne s’agit que d’un brevet comme il s’en dépose des milliers chaque année, et il ne sera pas forcément mis en oeuvre. Mais l’idée d’un tel DRM visuel a déjà de quoi agacer…

Mieux : à terme la Xbox One représentera une base installée de plusieurs centaines de milliers de capteurs audio et vidéo braqués en temps réel sur les foyers du monde entier… Que pensez-vous qu’il puisse en sortir ?


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