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Le Watermarking pénètre le Web, les CD et les DVD

auteur de l'article Aurélien Cabezon , dans la rubrique Produits & Technologies

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Fin octobre 2003, la société Verance basée aux Etats-Unis a annoncé une nouvelle version de son système de protection de contenus vidéo, basée sur le watermarking ou tatouage par filigrane. Le procédé a déjà séduit Universal Pictures qui l’utilisera dès 2004. Parallèlement, la JASRAC, Société japonaise des droits des auteurs compositeurs et des éditeurs ains que la RIAJ, Association japonaise de l’industrie musicale, viennent de tester, avec succès, une technologie basée, elle aussi, sur le watermarking. En France, enfin, la société Nextamp, essaimage de Thales, travaille sur un projet similaire.


Les sociétés de droits d’auteur et les industries des médias audio et vidéo, ont bien compris que le danger de la banalisation des connexions Internet haut débit, et des graveurs de CD/DVD grandissait de façon exponentielle et représentent dès aujourd’hui un manque à gagner et des préjudices importants pour elles. Face au téléchargement et/ou copiage de musique et de films, les protections actuelles se révèlent en effet gênantes et peu efficaces. C’est la raison pour laquelle beaucoup se tournent vers cette technologie récente et sophistiquée, qui offre une solution partielle mais intéressante à la protection des droits d’auteur et contre la copie illégale. Quelques explications sont donc nécessaires pour comprendre ce qu’est le watermarking, ce qu’il permet et ne permet pas.

Le watermarking est en fait une branche de la stéganographie (elle-même branche de la cryptologie), que l’on peut définir comme l’art de cacher de l’information dans de l’information. On raconte qu’en 1986, Margaret Thatcher, ne supportant plus que certains de ses ministres vendent des informations à la presse, exigea que tous les traitements de textes de son cabinet soient programmés afin que l’identité des utilisateurs soit encodée dans les espaces de leurs textes. Si une fuite advenait, on pouvait alors identifier le coupable. C’est un exemple récent de stéganographie dont l’histoire remonte cependant à l’antiquité. Le watermarking, quant à lui, en est un cas particulier dans lequel les informations cachées déterminent des droits d’auteur ou une authentification des données porteuses. Son rôle initial est de prouver l’appartenance d’une oeuvre (en ce qui nous concerne: son, image, vidéo,…) à son ou ses propriétaires par l’insertion d’un filigrane. C’est donc une solution potentielle pour la protection des copyrights des oeuvres numériques de valeur. Une seconde application permet, quant à elle de lutter, dans certains cas, contre la copie illicite de documents numériques. Il s’agit du « traitor tracing », qui introduit la traçabilité du copieur illégal. Ceci s’adapte par exemple à la vidéo ou à la musique à la demande, où sur le serveur, le document se voit rajouter l’information de copyright ainsi qu’un identificateur du client (finger printing). Les majors américaines s’intéressent également à cette utilisation du watermarking, non pas pour les DVD grands publics mais pour les screeners qui sont diffusés aux journalistes avant la sortie d’un film. S’ils revendent le DVD, ou le diffusent sur Internet en divX, comme c’est fréquemment le cas aujourd’hui, ils courront alors le risque que leurs « empreintes digitales » inscrites en filigrane ne les démasquent.

Pour que ce système soit fiable et efficace, il doit remplir principalement trois exigences techniques. La première est la faible altération du document initial : le filigrane (on dit aussi watermark) doit rester imperceptible au niveau humain. La seconde est la non ambiguïté : une fois la watermark retirée, elle doit identifier clairement son propriétaire. Enfin, la troisième et la plus difficile à satisfaire techniquement, est la robustesse : le filigrane doit être impossible à effacer ou à altérer. Concrètement, il doit résister à des modifications de type filtrage en fréquences, conversion de format de fichiers (jpg, MP3, divX, …), passage numérique-analogique-numérique,… Il y a à peine 5 ans, le watermarking était loin de satisfaire ces dures exigences, mais les progrès récents effectués utilisant des mathématiques de haut niveau (typiquement on cache la watermark non pas dans le signal lui-même mais dans une transformée du signal, en fréquence ou en temps/échelle) laisse entrevoir une lutte équilibrée avec les pirates. En tous cas, certains industriels et sociétés de droits d’auteur se montrent aujourd’hui convaincus.

La JASRAC et la RIAJ ont par exemple reproduit des tests en conditions réelles utilisant différentes technologies de watermarking certifiées par le projet STEP (IBM, M-Ken, MarkAny Japon, et la Compagnie Victor du Japon aussi). Pour cela, ils ont incrusté en watermark le code standard international d’une oeuvre musicale (ISWC) dans un fichier audio qu’ils ont ensuite converti au format MP3, et envoyé sur des serveurs internet. En combinant ceci avec un système de surveillance, conçu pour dépister les fichiers musicaux illicites et équipé d’un programme de détection de watermark, les tests ont été concluants. Cette collaboration entre une société d’auteurs et des producteurs, devrait maintenant s’étendre à la promotion de l’utilisation du watermarking.

La société américaine Verance, de son côté, a su convaincre Universal Picture d’équiper dès 2004, la majorité de ses DVD, HSH, le pay-per-view et la VoD, de son nouveau système de watermarking vidéo. Le tatouage numérique permettra ici de réguler les modes d’utilisation (autorisation pour la location,…), de contrôler les copies (sans pour autant les empêcher), et d’identifier l’oeuvre originale.

Même s’il ne représente pas une solution totale au problème ici évoqué, et s’il peut être potentiellement utilisé de façon abusive, le watermarking va donc probablement faire partie discrètement de notre quotidien numérique dans un très proche avenir.


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