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Tout savoir sur les monnaies pirates

auteur de l'article Jerome Saiz , dans la rubrique Marché

Monnaie pirate

Nul besoin de s’appeler la Banque de France ou la Réserve Fédérale américaine pour battre sa propre monnaie. Des dizaines de monnaies virtuelles circulent aujourd’hui sur les réseaux électroniques, dont certaines jouissent d’une reconnaissance et d’un poids significatif. Elles sont notamment très utilisées dans le domaine des jeux, des paris en ligne ou du marketing web.

Toutes ne sont toutefois pas adossées au système bancaire international, ce qui les dispense des contrôles habituellement imposés aux banques légitimes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Et devinez ce qui arrive alors ? Ces monnaies sont évidement devenues le moyen d’échange privilégié entre pirates, escrocs et autres clients de services illégaux.

Le cabinet de conseil XMCO publie une très intéressante étude de ces monnaies virtuelles. L’enquête est fouillée et la démonstration implacable. L’étude revient sur le principe d’une monnaie virtuelle, qu’elle soit adossée ou non au système bancaire international. Elle s’attarde ensuite sur cette dernière option, en détaillant les avantages qu’une telle monnaie 100% privée et non-régulée offre à ses utilisateurs en mal de discrétion.

XMCO illustre ses propos par deux monnaies exemplaires, dont bien entendu le cas d’école eGold, la première et plus célèbre monnaie privée d’Internet. Dès le début des années 2000 eGold s’était imposée comme la monnaie de référence pour les échanges non-régulés, au point de se hisser à la seconde place des moyens de paiement privés derrière PayPal. Mais déjà, l’anonymat offert par eGold attirait les pirates, comme nous l’écrivions dès 2005 : l’auteur d’un virus conçu pour chiffrer le disque dur de ses victimes utilisait ainsi par exemple eGold pour se faire payer la clé de déchiffrement (200 dollars).

La structure relativement simple d’eGold (une poignée de sociétés, toutes gérées par les mêmes individus) l’a conduite a sa perte. Mais les monnaies virtuelles suivantes semblent avoir bien retenu la leçon, et le dernier poids-lourd en date, Liberty Reserve, a tout mis en oeuvre pour ne pas tomber aussi facilement. L’étude de XMCO détaille comment ses créateurs se sont organisés pour à la fois ne jamais recevoir directement de paiement des utilisateurs de leur monnaie, mais aussi d’avoir plusieurs grossistes indépendants (contrairement à eGold qui n’en possédait qu’un seul, intégré à la holding maison). Le tout, bien entendu, copieusement réparti à travers une jolie sélection de paradis fiscaux ou niches juridiques de la planète. « Puisque nous sommes basés à Nevis (Costa Rica, ndlr), vous devez être un meurtrier, un ravisseur ou un baron de la drogue pour nous forcer à divulguer des informations sensibles« , explique ainsi l’un des patrons de Liberty Reserve.

La société se contente d’émettre sa monnaie (virtuellement, donc) et d’offrir a ses utilisateurs des porte-feuilles tout aussi virtuels, sans vérifier leur identité. Ce sont les grossistes qui alimentent les détaillants, qui eux-mêmes procèdent à l’alimentation des porte-feuilles particuliers, ou au rachat de la monnaie, moyennant bien entendu une solide commission (de 2 à 4%). Les transactions avec les utilisateurs finaux se réalisent désormais le plus souvent via messagerie instantanée (MSN, Yahoo! Messenger, ICQ…), ce qui ne laisse aucune trace.

La partie la plus critique de toute opération financière sur Internet est la récupération des fonds en « vraie » monnaie, le dollars américain ou l’euro le plus souvent. Ce sont les détaillants qui s’en chargent, et eux aussi ne manquent pas d’imagination lorsqu’il s’agit de contourner les réglementations bancaires internationales. L’étude de XMCO détaille ainsi comment, même en Europe, ces détaillants sont en mesure de procéder à des virements de fonds ou à l’envoi de cartes de retraits à leurs utilisateurs. Le tout sans être pour autant des établissements financiers soumis aux lois européennes sur le blanchiment d’argent.

XMCO réalise ici un travail remarquable. Son enquête réussit l’exploit de se lire très facilement tout en représentant la somme de ce qu’il faut connaître au sujet des monnaies virtuelles.

> lire l’enquête sur le site de XMCO (au format PDF)


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