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Google annonce sa cyber-police privée

auteur de l'article Jerome Saiz , dans la rubrique Marché

 

A l’occasion du 4ème Forum International sur la Cybercriminalité à Lille, Google annonce la création de la Gpol, une force de cyber-sécurité privée. Dotée d’importants moyens d’investigation, la Gpol sera mise à la disposition, moyennant finance, des Etats afin de les assister dans leur lutte contre le cyber-crime organisé.
C’est probablement l’annonce la plus marquante de cette journée d’ouverture du 4ème FIC de Lille : Google présente la Gpol, une force privée de cyber-enquêteurs bâtie sur le modèle des sociétés paramilitaires telles l’américain Xe (anciennement Blackwater).

Véritable cyber-unité légale et opérationnelle, cette Gpolice est dotée d’importants moyens techniques et humains. Basée à Seattle (Etats-Unis) elle opérera également à partir de bureaux à Bruxelles, Londres et Paris, ainsi que depuis de nombreuses planques réparties en Asie et en Europe de l’Est. Ses enquêteurs seront tous recrutés parmi les rangs des cyber-policiers américains et européens, et l’on y trouverait notamment déjà de nombreux ex-enquêteurs NTech de la Gendarmerie Nationale, ravis de troquer leur prime de blanchisserie annuelle contre des stocks options de Google.

La Gpolice bénéficie dès sa création du soutien de la France, du Royaume-Unis et du Luxembourg. Les trois pays annoncent en effet avoir offert à la nouvelle entité un contrat-cadre d’une durée de dix ans afin de prendre en charge la totalité de leurs opérations de lutte contre la cyber-criminalité. « Mais que cela ne soit pas mal interprété : il ne s’agit pas d’un recul de la fonction régalienne de l’Etat mais plutôt une optimisation efficace de la dépense publique », justifie Laurent Habert, sous-secrétaire délégué aux économies à Bercy (12éme arrondissement).

Et le terme d’optimisation n’est pas employé au hasard : « Chaque année, les Etats-Unis et les principaux pays Européens consacrent une part importante de leur budget à maintenir des cyber-enquêteurs qui, pour l’essentiel, ne se parlent pas entre collègues étrangers, et nécessitent donc l’emploi d’agents de liaison dans toutes les grandes capitales. Le tout pour quels résultats ? Pour que neuf affaires sur dix ne puissent être menées à leur terme à cause d’une bête histoire de souveraineté nationale. Les cyber-criminels n’ont plus de frontières depuis longtemps et il est temps que les good guys fassent de même », assène Martin A. Marshall, Chief Legal Officer chez Google.

Et le géant s’est donné les moyens de ses ambitions : fini les problèmes de communication entre enquêteurs étrangers : tous les salariés de Gpol travailleront depuis de vastes plateaux communs situés à Seattle, Londres et Paris. Chacun de ces centres sera en outre relié à un Cloud commun qui centralisera les dossiers. « Ce n’est pas trop tôt, on se ruinait en coursiers pour échanger les dossiers avec nos collègues gendarmes du Fort de Rosny », observe sous le sceau de l’anonymat cet ex-cyber-policier de l’OCLCTIC (Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication), qui rejoindra le plateau de Seattle en septembre prochain.

Du côté des institutions, on se veut rassurant : « le modèle de para-société privée dépositaire d’une mission à caractère régalien n’est pas nouveau. Il a notamment fait ses preuves aux Etats-Unis où la société Xe assure quotidiennement des missions pour le compte des forces armées avec un professionnalisme exemplaire et à un coût particulièrement réduit pour le contribuable américain », explique Thort Heckman, membre de la commission cyber-sécurité de l’Union Européenne, qui finance une partie du projet de Google.

Le coût d’un tel contrat pour dix ans était, bien entendu, le secret le mieux gardé de tout le FIC. Chez Google, on tient toutefois à se montrer rassurant : « Nous avons mis en oeuvre des moyens de mutualisation avancés afin de réduire le coût de la Gpol et donc l’impact sur les budgets nationaux. Les données seront ainsi hébergées chez un prestataire reconnu (Amazon S3), et la saisie des dossiers juridiques sera réalisée par notre partenaire indien Tata Data Entry. Cela nous permet d’annoncer des coûts inférieurs d’un tiers aux budgets actuellement alloués par les Nations à la lutte contre la cyber-criminalité tout en augmentant de 160% les salaires des ex-fonctionnaires que nous embauchons », se réjouit Max Mulder, chef de projet Gpol chez Google.

Bien entendu les questions n’ont pas manqué quant à la légitimité de Google, avant tout un géant de la recherche, pour se lancer dans un tel projet. « Google voit déjà tout, sait déjà tout : nous sommes dans vos téléphones, dans vos navigateurs, dans vos emails, nous savons ce que vous achetez, qui visite vos sites web, les livres que vous lisez… qui est donc mieux placé que Google pour savoir si vous volez de l’argent sur Internet ? », rétorque non sans raison Martin A. Marshall.

La Gpol devrait être opérationnelle dès la rentrée 2010 avec, précise le dossier de presse remis hier aux participants du FIC, une arrestation majeure afin de célébrer le lancement de cette nouvelle cyber-unité.

Plus d’information :

Le site officiel de la Gpol – ses méthodes, son organisation, ses objectifs.


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