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Firefox 4 mort, les entreprises abandonnées : Microsoft en profite

auteur de l'article Jerome Saiz , dans la rubrique Marché

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Fin de vie pour Firefox 4, seulement trois mois après sa sortie. En publiant cette semaine la version 5 du navigateur libre, la Fondation Mozilla a décidé d’arrêter immédiatement le support de Firefox 4. Plus de correctifs de sécurité : le passage à la version 5 est quasi-obligatoire.

Il s’agit là d’une décision particulièrement brutale qui n’arrange guère les entreprises converties au navigateur Libre : a lire les nombreuses réactions à cette annonce, beaucoup d’entreprises encore sous Firefox 3.6 étaient en pleine re-qualification de leur parc applicatif pour Firefox 4. Et il est bien entendu désormais hors de question pour elles de déployer un navigateur qui n’est plus supporté, en particulier lorsque l’essentiel de la menace actuelle vient du web.

Si les particuliers n’ont aucun problème à passer à la dernière version du navigateur, la question est donc moins évidente pour les entreprises. Doivent-elles passer à Firefox 5 au prix d’une nouvelle re-qualification du navigateur sur leur parc applicatif ? Rien n’est moins sûr : Firefox 6 est annoncé pour le 16 août prochain, Firefox 7 pour le 27 septembre, Firefox 8 le 8 novembre, et Firefox 9 pour le 20 décembre 2011. Et à chaque nouvelle version majeure la précédente sera abandonnée. La Fondation Mozilla semble ainsi vouloir se caler sur l’agenda de Google, qui avec Chrome propose des versions majeures à un rythme soutenu.

Comment expliquer une telle décision ? La justification officielle vaut le détour : « Nous reconnaissons que cette décision n’est peut-être pas compatible avec les politiques IT des grandes entreprises, et nous comprenons que cela soit difficile pour les entreprises dotées de politiques de certifications. Mais si nous devions calquer le cycle de développement de Firefox sur de tels processus organisationnels que nous ne contrôlons pas, il nous serait alors plus difficile de continuer à innover pour le bénéfice de nos utilisateurs et du web« , expliquait récemment à ComputerWorld Kev Needham, responsable de la distribution de la Fondation Mozilla.

Inutile de lire entre les lignes : la Fondation Mozilla annonce clairement qu’elle abandonne les entreprises à leur sort au profit des particuliers, les seuls qui semblent désormais compter à ses yeux. Et tant pis pour un IBM, par exemple, qui a fait de Firefox son navigateur corporate par défaut, avec 400 000 utilisateurs. Si l’on écoute la Fondation Mozilla, ils ne donc sont plus « vraiment » des utilisateurs de Firefox, voire même du web…

L’on comprend parfaitement le désir de s’affranchir des contraintes du cycle de vie habituel des applications en entreprise afin de jouir d’une plus grande liberté d’innovation. Mais ce qui est bon pour Chrome ne l’est pas forcément pour Firefox tant les deux navigateurs n’en sont pas du tout au même niveau de maturité. Firefox est mûr, il a fait ses preuves et les entreprises commençaient à lui faire confiance, au point de le déployer sur des parcs importants et que des offres de support, de déploiement et de développement de plugins apparaissent. Un rythme de mise à jour moins soutenu et une évolution plus maîtrisée ne sont donc pas choquant. A l’inverse Chrome doit faire ses preuves et il est donc logique pour lui d’évoluer à marche forcée, sachant en outre qu’il n’est quasiment pas utilisé en entreprise.

Au mieux la décision de la Fondation Mozilla semble indiquer qu’elle positionne Firefox exclusivement comme un navigateur grand public et « bleeding edge« , ce qui est au moins une position assumée, bien que discutable. Au pire, c’est une décision rapide, probablement prise en étant aveuglée par le succès de Chrome sans tenir compte de la différence de maturité entre les deux navigateurs.

Hormis l’arrêt des correctifs de sécurité, ce brusque changement de politique a également un impact important sur les plugins du navigateur. La Fondation Mozilla estime certes que 84% des plugins présents dans sa boutique en ligne sont compatibles avec Firefox 5, mais la situation est probablement toute autre en ce qui concerne les développements propriétaires. « Nous avons travaillé avec des douzaines d’équipes de développement internes pour préparer leurs plugins pour Firefox 4« , peut-on lire sur le blog d’un consultant spécialisé dans la l’adaptation de Firefox en entreprise. Et bien entendu, il y a ici aussi un impact non négligeable sur la sécurité tant les plugins sont des composants vulnérables au sein d’un navigateur.

Il est possible d’argumenter que ces nouvelles versions majeures de Firefox ne seront, en définitive, que de simples mises à jour mineures (après tout les versions successives de Chrome sont rarement fondamentalement nouvelles). Mais dans ce cas pourquoi un numéro de version majeur ? (un « complexe Chrome » ?) Et surtout pourquoi déjà 16% de plugins non fonctionnels entre la version 4 et la 5 ? Il semble donc plus réaliste de considérer qu’il s’agira véritablement de versions différentes, dans lesquelles la Fondation Mozilla souhaite être libre d’introduire de nouvelles fonctionnalités sans s’encombrer de rétro-compatibilité. « Marche ou crève« , en quelque sorte.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Microsoft n’a pas tardé à faire savoir que le support d’Internet Explorer 9 sera assuré jusqu’en janvier 2020, sous le titre « Nous avons une solution à vos problèmes de déploiement de Firefox« . C’est de bonne guerre…

Il s’agit évidement de pain béni pour Microsoft, qui ne souhaite surtout pas voir se reproduire dans les entreprises (où Internet Explorer est encore solidement implanté) la déconfiture connue dans le grand public (où la popularité d’Internet Explorer s’est largement érodée depuis ses heures de monopole absolu). Du jour au lendemain l’approche conservatrice de l’éditeur en terme de nouvelles versions devient un atout, tout comme le fait d’avoir un acteur commercial capable de s’engager sur la pérennité du navigateur. Qui l’eu cru !

La décision à l’emporte pièce de la Fondation Mozilla profitera donc très certainement à Microsoft, dont  l’Internet Explorer ne semble pas prêt d’être détrôné (sur les postes de travail en tout cas… car sur les smartphones et autres tablettes, c’est Webkit – présent à la fois sur Android et iOS – qui règne sans partage).

Et vous, aviez-vous fait le choix de Firefox ? Comment cette décision de la Fondation Mozilla vous affecte-t-elle ?


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