Si les voies de Larry Ellison sont impénétrables, une chose est sûre au moins : le rachat de Sun par Oracle n’était pas motivé par la gestion des identités et des accès. Les gammes des deux éditeurs se recoupent en effet très fortement, sur le plan fonctionnel, au point d’inquiéter aujourd’hui clients, prospects et même intégrateurs.

Pour ajouter à l’incertitude, le sujet de l’IAM semble avoir été soigneusement évité par les responsables d’Oracle et de Sun appelés à commenter l’acquisition. Aujourd’hui encore Java, Solaris et MySQL occupent le devant de la scène tandis que la gestion des identités demeure dans le flou, sans qu’il soit en outre possible de savoir s’il est accidentel (car pas une priorité) ou volontaire.

C’est dans ce contexte que CA s’empresse d’offrir une porte de sortie via sa propre gamme de solutions IAM. « Nous avons lancé cette campagne car nous avons observé une couverture quasi-parfaite, de l’ordre de 80 à 90% entre les produits IAM d’Oracle et de Sun », justifie Arnaud Gallut, Directeur des Ventes pour les produits sécurité chez CA France. Et, accessoirement, CA tente bien entendu de se positionner ainsi comme une alternative sérieuse aux grands du domaine (en terme de parts de marché) que sont, justement, Oracle, Sun et IBM.

Baptisée CA SPF 100 l’offre propose aux clients de Sun ou d’Oracle d’échanger leurs licences contre leurs équivalents chez CA (CA Identity Manager, CA Role & Compliance Manager ou CA SiteMinder). Dans les faits, il s’agit d’une réduction de 100% appliquée sur les licences CA pour le même nombre d’utilisateurs couverts par les produits remplacés (seule la maintenance des nouveaux produits n’est pas couverte par cette proposition).

Les solutions éligibles du côté de Sun sont Sun OpenSSO, Sun Identity Manager, Sun Role Manager et Sun Identity Compliance Manager. Chez Oracle il s’agira de Oracle Access Manager, Oracle Identity Manager, Oracle Role Manager. L’offre est valable jusqu’au 31 mars 2010.

« Nous visons également les partenaires avec cette proposition : beaucoup s’interrogent sur l’avenir des gammes IAM chez Sun et Oracle au moment de lancer un projet chez un client aujourd’hui », ajoute Arnaud Gallut.

C’est d’ailleurs sur ce segment que CA récoltera probablement les premiers fruits de son offre. Car pour les clients actuel d’Oracle ou Sun, l’attente est certainement de rigueur. D’autant qu’il serait étonnant qu’Oracle sabre immédiatement l’une ou l’autre des offres redondantes. De nombreux facteurs (circuits de distribution, implantations, profil des clients respectifs, secteurs verticaux adressés, etc…) entrent en jeu dans une telle décision. Les deux gammes pourraient également cohabiter, celle de Sun se destinant alors par exemple à des marchés très verticaux, voire se retrouvant bridée et descendue en gamme.

Dans tous les cas cet épisode illustre parfaitement les dangers d’un marché en consolidation rapide. « L’offre ce CA est significative du mouvement de consolidation sur ce marché. C’est d’ailleurs une tendance que nous avions identifiée lors du retrait de HP de l’IAM. Nous ne pouvons qu’encourager les entreprises à ne travailler qu’avec des éditeurs qui offrent d’emblée un plan de migration détaillé, car il y aura d’autres rapprochement de ce type, petits et grands », prévient Earl Perkins, Research Vice Président chez Gartner.

Une alternative aux plans de migration serait d’opter non pas pour une suite IAM intégrée proposée par un éditeur unique, mais pour une série de produits « best of breed » acquis chez plusieurs acteurs. Mais cela se fera alors au prix d’une intégration plus complexe et plus coûteuse, et souvent d’une dépendance plus importante vis-à-vis de l’intégrateur.

Note : Oracle, que nous avons cherché à joindre durant plusieurs jours afin de commenter l’offre de CA, est malheureusement aux abonnés absents.