SecurityVibes : Le départ de profils historiques d’Arkoon, dont celui de son co-fondateur et Directeur Technique, Daniel Fages, est-il un signe de difficultés pour l’entreprise, et donc un risque pour ses clients ?

Thierry Rouquet : La société a aujourd’hui neuf ans, et cela représente à mon sens plutôt un cycle dans la vie d’une entreprise.

Notre introduction en bourse en 2007 s’est accompagnée d’un effort important de restructuration, et cela a parfois un impact sur les acteurs historiques de la société. Ils peuvent alors hériter d’un rôle qui ne leur convient plus. C’était notamment le cas de Daniel Fages, qui est un créatif et un excellent technicien, mais qui devait désormais faire plus de marketing et moins de technique (Daniel Fage est aujourd’hui co-fondateur de CommonIT , éditeur d’une solution de sécurité web sur laquelle nous reviendrons, ndlr).

Cela dit, si certains profils historiques ne sont certes plus avec nous, nous avons grâce à eux pu recruter des talents qui sont, eux, toujours à bord ! Et ce n’est pas terminé : la crise que traverse aujourd’hui l’économie nous permettra d’ailleurs peut-être de recruter de très bons profils.

SV : Arkoon ne ressent donc pas l’impact de la crise ?

TR : Si, bien entendu. Nous nous apprêtons à publier nos résultats, mais je peux dores et déjà vous dire que notre chiffre d’affaires est en croissance de 5% contre les 15 à 20% que nous cherchions. Nous étions pourtant dans les clous jusqu’au dernier trimestre 2008, et puis tout s’est arrêté. En revanche, la structure capitalistique de la société est solide et nous avons de la trésorerie, donc cela va nous permettre de continuer à investir dans la R&D et, peut-être, de procéder à des opérations de croissance externe.

SV : En parlant de croissance externe, Arkoon a racheté le français MSI, un spécialiste du chiffrement. Envisagez-vous un rapprochement entre l’offre de celui-ci et vos boîtiers UTM (Unified Threat Management) ? Une solution unifiée liant ainsi le poste de travail et la passerelle ?

TR : Non. Le chiffrement est un marché à part et, surtout, ce sont des interlocuteurs distincts dans l’entreprise. C’est généralement le RSSI qui a la main sur l’achat d’une solution de chiffrement, tandis que c’est plutôt le réseau ou l’ingénieur sécurité qui va faire le choix d’un UTM. Nous ne voyons pas de synergie entre les deux à l’heure actuelle.

SV : Les UTM, parlons-en… C’est votre coeur de métier, mais ne sont-ils pas en voie de banalisation ? Pensez-vous que ce marché va demeurer viable encore longtemps ?

TR : L’UTM est effectivement en voie de banalisation. Pour vous donner une idée, notre chiffre d’affaire n’a certes progressé que de 5% l’an dernier, mais les volumes, eux, sont en hausse de 30% ! Il y a donc une vraie tension sur les prix. Et je pense qu’en France nous ne sommes pas les mieux placés pour lutter sur ce terrain, notamment face à la Chine ou même aux Etats-Unis.

SV : Comment comptez-vous réagir ?

Nous plaçons toute notre valeur dans le déploiement et le management de nos boîtiers, et cela essentiellement à destination des fournisseurs de services de sécurité (MSSP). Car nous pensons qu’à l’avenir les fonctionnalités du boîtier UTM seront achetées par l’entreprise à un MSSP, sous forme de service.

Pour Arkoon, cela signifie que nous allons monter vers la haute performance et les hauts débits, et que nous voulons aller beaucoup plus loin en matière de déploiement (notamment dans le domaine des architectures virtuelles), d’administration centralisée pour qu’un MSSP puisse gérer et facturer de multiples clients, de reporting adapté à ce métier, etc…