Souvent pointé du doigt pour son titre peu glorieux de premier pays émetteur de spam, les USA veulent toutefois montrer l’exemple dans la lutte contre ce fléau via une justice d’une grande sévérité agissant sous l’égide de la loi anti-spam Can-Spam Act, adoptée en 2003 et effective au pays de l’oncle Sam depuis le 1er janvier 2004. Dernier exemple en date avec la récente condamnation de deux spammeurs reconnus coupables d’avoir organisé la diffusion de millions de courriers électroniques non sollicités à caractère pornographique.

Suite à une accusation remontant au mois de juin, Jeffrey A. Kilbride et James R. Schaffer ont été condamnés le 12 octobre par un juge fédéral américain à respectivement, 6 ans et 5 ans et 3 mois de prison assorti d’une amende de 100 000 dollars chacun. Ils devront en outre payer 77 500 dollars de dommages à AOL dont les clients ont majoritairement été pris pour cible, et renoncer à la somme engrangée grâce à leur petit commerce illégal, soit 1,1 millions de dollars. Hormis la violation du Can-Spam Act, Kilbride et Schaffer sont tombés pour conspiration, blanchiment d’argent, fraude et diffusion d’obscénités.

Kilbride et Schaffer ont débuté leur activité de spammeur en 2003 et au fil des mois, ce sont des millions de messages de spam qui ont été diffusés sous leur gouverne. Une activité lucrative car ces messages contenaient des liens renvoyant vers des sites pornographiques et ils recevaient une commission pour chaque internaute souscrivant un abonnement auprès de l’un de ces sites, suite à une consultation du mail. Fin 2003, après adoption du Can-Spam Act, les deux comparses devenus criminels dans leur pays, n’ont pas rendu les armes pour autant et ont  » délocalisé  » leur activité en passant par des serveurs hébergés à Amsterdam. Le but de la manoeuvre était de donner l’apparence de messages de spam en provenance d’un autre pays alors qu’ils étaient en réalité émis depuis les USA et en l’occurrence, la ville de Phoenix. Leur stratagème qui a finalement échoué, est même allé encore plus loin avec l’ouverture de comptes bancaires en République de Maurice et dans l’île de Man.

La condamnation de ces deux spammeurs de haut vol réjouit les sociétés spécialisées dans la sécurité informatique à l’instar du britannique Sophos qui, se faisant l’écho de cette affaire, souligne que les autorités américaines ont envoyé un signal fort aux spammeurs en démontrant que leur activité n’est plus tolérée. A noter toutefois que si la justice US s’est montrée aussi ferme, c’est en partie en raison du fait que les messages de spam contenaient également des images pornographiques directement consultables après ouverture du mail par le destinataire, quel que soit son âge.