Par Christophe GUEGUEN, DSI Securitas.
Modérateur de la table ronde « Gérer le changement en SSI » lors de la dernière édition du CSO Interchange Paris 2012.

Le Cloud se fera-t-il avec ou malgré la DSI et l’indispensable thématique SSI associée ? De nouveaux services, applications et usages arriveront-ils dans l’entreprise avec ou sans l’IT ? Dans des organisations distribuées ou centralisées ?

L’ampleur des enjeux, la nécessaire et inéluctable transformation de nos organisations, la nature même des relations avec certaines Directions Générales ou Directions Métiers traduit des crispations fortes parmi certaines organisations qui se sont spontanément exprimées.

La résistance au changement est d’autant plus marquée qu’elle semble parfois subie par des équipes constituées de généralistes au long cours, court-circuités et décriés par de nouveaux « providers » qui n’hésitent pas à torpiller ces DSI endormies, passives, voire incapables d’apporter des réponses rapides et adaptées aux vraies exigences opérationnelles métiers.

Bis Repetita ? Il y a 15 ans, lorsque le « In-House » ou « Best of Breed » était mis à mal par toute une vague d’éditeurs d’ERP monolithiques, certaines Directions Générales étaient aussi et déjà dans cette volonté ou dilemme de rupture ayant entraîné ensuite une remise à plat de son organisation, des modes de fonctionnement, des processus, DSI incluse. De nouvelles et multiples expertises ont vu le jour pour accompagner ces changements majeurs, parfois ambitieux et durables. La DSI a généralement accompagné et structuré ces projets, du « Build au Run », et a façonné des centres de compétences à géométrie variable, pour le meilleur.

Alors, il nous faut assurément rassurer ces mêmes équipes, les former à cette nouvelle vague technologique et tirer les talents vers le haut.

Il est essentiel en ces périodes de questionnement ou de remise en cause, de défiance renforcée de se donner aussi les moyens et la volonté d’une confiance recouvrée, équilibrée, partagée. Favoriser les synergies DSI / Métiers plutôt que les redouter, impliquer les Métiers au sein, par exemple, de cellules Innovation, où l’incubation de nouveaux projets à valeur ajoutée sous forme de mini POC permet de qualifier et de partager la résistance au changement, de part … et d’autre.

C’est aussi un excellent levier pour montrer que la DSI reste attentive, pro-active et force de proposition, qu’elle s’adapte, voire qu’elle devance les critiques ou les besoins de ses principaux clients et sources de revenus. La DSI n’a plus le monopole des bonnes pratiques. En revanche son dynamisme et sa capacité à appréhender plus globalement les enjeux, les pré-requis et impacts liés à la mise en œuvre de tel ou tel nouveau service dit-innovant sont intacts. Elle se doit d’être pédagogique, ferme sur l’essentiel et souple quant aux nouvelles frontières et périmètres de responsabilité voulus ou consentis par une Direction Générale néanmoins préoccupée de la justesse des choix, sur le moyen et long terme.

La mutation vers le « Cloud » perçue par certaines Directions comme la réponse idéale à de nouveaux besoins, sans contrainte projet, technique, organisationnelle, voire économique, aussi violente ou progressive soit-elle, marque une nouvelle rupture que la DSI doit intégrer mentalement et dans son offre ou catalogue de services.

La DSI doit assurément et toujours s’adapter après le mythe d’une décennie de promesses de « Développement Agile ». Il y a un vrai besoin d’Architecte Expert pour accompagner ces dossiers complexes, capitaliser sur les bonnes pratiques du moment, rationaliser l’approche et limiter les effets de bord. Car, lorsque le métier est pris au piège de contrat de services mal compris ou déséquilibrés, que l’adhérence avec le SI et le socle Infrastructures s’avèrent réels, alors la DSI est conviée voire réquisitionnée. Ce nouveau mouton à 5 pattes est un facilitateur, ayant une vraie légitimité transverse Infras-Services-Applications tant en interne que vis-à-vis de nouveaux tiers de confiance.

La DSI doit retrouver ou consolider sa légitimité sur le volet SSI en environnement hybride, avec des effets de bord à venir sur le volet Productique en fonction de nos activités respectives.

In fine, nous devons intégrer efficacement et non moins « rapidement » et durablement, les enjeux discriminants suivants :

• un « Time To Market » omniprésent et conditionné par le business,
• un « Fast Continuous Improvement » qui renforce les fondamentaux et exigences du développement et de la production intra-DSI, éco-système inclus,
• une « Gouvernance globale renforcée » pour limiter les tentations ou initiatives individuelles chaotiques

A la DSI d’adopter une posture résolument confiante et engagée, ouverte et non protectionniste, tout en étant stricte et rigoureuse sur les fondamentaux. Il est de notre responsabilité de participer, et d’influencer l’adoption au cas par cas de ces mutations structurantes.

Pour encourager les opportunités plutôt que les craintes, pour un pilotage efficace et maîtrisé du changement au profit de la réussite de nos organisations et de nos propres équipes, soyons force de proposition et offensifs pour renforcer durablement notre contribution et valeur ajoutée business.